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En Bretagne, des bouleversements pourraient modifier l’équilibre syndical

En Bretagne, des bouleversements pourraient modifier l’équilibre syndical
La multiplication des listes pourrait modifier le rapport de forces en Bretagne, au sein de la prochaine Urml. Ici comme ailleurs, débats et controverses tournent autour des problèmes conventionnels.

DE NOTRE CORRESPONDANT

EN BRETAGNE aussi, les électeurs (2 997 généralistes et 2 229 spécialistes) appelés à voter le 29 mai auront devant eux un choix plus large qu’il y a six ans.
Cinq listes pour les généralistes (Csmf, MG-France, SML, Espace Généraliste et FMF),
trois pour les spécialistes (Csmf, SML et FMF).
Polarisé sur la convention médicale, le débat pourrait entraîner un bouleversement dans la composition de l’équipe régionale.

Jean-Yves Hascoët, président en exercice depuis 2003, après avoir été vice-président au cours de la première moitié du mandat, l’a déjà intégré. «La Csmf avait la majorité absolue avec 36sièges, explique-t-il. C’était donc confortable. Demain, étant donné la profusion des listes, on ne devrait plus être majoritaire. Des gens nouveaux devraient être présents, ce qui est très bien. Mais l’enjeu est de parvenir à constituer une majorité stable autour d’un projet régional breton qui satisfera l’ensemble des syndicats.»

De là à dire que ce nouvel équilibre politique doit se concrétiser autour de la Csmf, il n’y a qu’un pas, que le Dr Hascoët, généraliste à Rosporden (Finistère), franchit en usant d’un langage diplomatique : «Pour moi, l’avenir est au centre.» Sa stratégie pour affirmer son «côté confédéral», comme il le dit lui-même, lui donnerait la légitimité pour qu’il devienne le pilier du nouvel édifice. D’abord, défendre un bilan, qu’il juge positif. Ensuite, appeler ses confrères à la raison en jouant les rassembleurs : «Le pire, c’est la division, alors même que l’unité syndicale autour d’un projet commun est la seule solution. La permanence des soins est l’exemple de la nécessité d’une unité qui nous a manqué pour aboutir. Le risque, avec cette multitude de listes, est d’avoir une Urml ingouvernable. Il faut donc aller voter, que cette grande masse silencieuse se fasse entendre.»

Clarification. L’analyse de la situation est tout à fait différente, bien entendu, chez les autres têtes de liste. Pour José Martens qui conduit la liste MG-France et généraliste à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), ces élections devraient permettre une clarification. «Il y a les listes favorables à la convention et celles qui y sont opposées, précise celui qui est également secrétaire costarmoricain de MG-France. C’est cette différence qui devrait marquer le vote. On verra alors qu’il n’y a pas éparpillement des suffrages.» Pour cette liste, qui fait la part belle aux médecins enseignants, le seul débat qui vaille porte donc sur la convention. «La question de l’action à mener à l’Urml est accessoire, explique José Martius. Nous n’avons même pas discuter de ce qui pourra y être fait ensuite. L’urgence, c’est le quotidien des médecins, l’avenir de la médecine générale. Tout cela ne pourra évoluer que par le blocage de cette convention. Il faut être majoritaire pour éviter que des avenants qui nous sont défavorables passent à l’avenir. Ensuite, on verra après le 2 juin et les premières assemblées générales comment on peut fonctionner à l’Urml. On ne pourra pas faire le travail tout seuls de toute manière.»

Pour Nikan Mohtadi, tête de liste FMF-G – c’est une première en Bretagne – et généraliste dans le Finistère, la multiplication des listes va «diluer les votes», mais, pour cet ancien sympathisant de MG-France et de la Csmf, «c’est un mal nécessaire par lequel il faut passer». Et d’ajouter : «Il existe une crise des syndicats traditionnels. Si beaucoup de médecins se sont regroupés en coordination comme en Bretagne, c’est bien parce que l’on estimait déjà en 2002 ne pas être représentés.»

Mais la question de la représentativité a elle aussi été un des facteurs qui ont entraîné des listes généralistes et spécialistes. «Les coordinations, ça ne vaut rien pour les institutions», estime Nikan Mohtadi.

Et les colistiers de la FMF croient dans leur étoile bretonne. «Nous avons l’impression que nous allons faire un carton, souligne le Dr Catherine Guérin, gynécologue à Vitré et tête de liste FMF-Spécialistes. Les listes se sont montées très facilement. Nous allons capter les déçus de la convention et les déçus de la Csmf – et ils sont nombreux.»

Selon Olivier Wattez, tête de liste SML-spécialistes, composante déjà présente au sein de l’Urml sortante, le SML pourrait, et pour les mêmes raisons, faire les frais de la concurrence de la FMF. Cependant, ce stomatologue rennais rappelle que son syndicat n’accepte pas l’avenant n° 12. Il annonce déjà que les élus SML auront leur mot à dire dans le prochain exécutif régional. Eric Henry, tête de liste du SML pour les généralistes et élu depuis 2001, se fait encore plus clair : «Même si on peut être un soutien, on doit nous accorder plus d’autonomie, soit un pouvoir de blocage. A nous et aux autres minoritaires. Nous tous devons avoir notre place au bureau de l’Urml pour qu’il y ait davantage de discussion. »

Nouveau syndicat.
L’arrivée dans le paysage syndical d’Espace Généraliste, dont le syndicat régional est né en décembre dernier, devrait finir de bousculer l’échiquier politique. D’autant que si le constat de Pascal Lamy, tête de liste et médecin à Damgan (Morbihan) se révèle juste, ce nouveau venu capterait des voix parmi les médecins défavorables à la convention, qui ne se seraient peut-être pas portées sur MG-France (dont Espace Généraliste est dissident). En effet, selon Pascal Lamy, ex-MG-France, «les médecins qui nous ont rejoints n’étaient plus syndiqués. Dans le Morbihan, notamment, où nous avons désormais autant d’adhérents que MG-France». Ce scénario pourrait alors faire peser définitivement la balance du côté des anticonventions.

S’il se concrétisait, suffirait-il toutefois, comme le souhaite l’équipe d’Espace Généraliste qui compte à la fois des médecins responsables d’association de permanence des soins, des formateurs et enseignants, et plusieurs jeunes installés, à asseoir une convergence régionale qui «entraînerait à terme le renversement les directions nationales des syndicats établis», selon Pascal Lamy ? Rien n’est moins sûr.

> OLIVIER QUARANTE
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