Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est une affection de fréquence croissante dans les pays à haut niveau de vie. Il est caractérisé par des symptômes (pyrosis et régurgitations acides) qui en permettent facilement le diagnostic.
Les lésions œsophagiennes qu'il induit peuvent se compliquer, entraînant sténose, ulcère, hémorragie, métaplasie (œsophage de Barett). Curieusement, nous ne disposions pas jusqu'alors en France de données permettant d'en connaître la prévalence exacte car des sujets en souffrant ne consultent pas, d'où l'intérêt de cette enquête épidémiologique menée du 30 juin au 8 août 2003 pour laquelle 5 395 questionnaires ont été remplis par des sujets âgés de 18 ans et plus [1].
Plusieurs points sont à retenir : une prévalence globale du RGO en France élevée (31,3 %), une prévalence de 7,8% du RGO dit fréquent, c'est-à-dire avec des symptômes survenant au moins une fois par semaine (6 % avant 50 ans, 10 % après). La plupart (86 %) des sujets ayant un reflux fréquent avaient consulté, mais souvent après un long délai depuis le début des symptômes, 26 % ayant attendu plus d'un an; 14 % n'avaient jamais consulté. L'absence de consultation était principalement liée à l'opinion selon laquelle le RGO n'était pas grave et à l'automédication. La plupart (85 %) des sujets avaient eu un traitement pour le dernier épisode de reflux fréquent : médicament de prescription (68 % des cas), plus rarement traitement d'automédication, médicament conseillé par le pharmacien, association des deux. Le traitement de prescription était un inhibiteur de pompe à protons pour 69 % des sujets et/ou des antiacides/alginates (46% des cas), moins souvent des prokinétiques ou des antihistaminiques H2. Les deux tiers (67 %) des sujets ont déclaré être tout à fait satisfaits de leur traitement, tandis que les symptômes ont persisté chez 24 % des sujets traités.
Une meilleure prise en charge du RGO apparaît donc souhaitable en France afin d'améliorer le soulagement des symptômes et la surveillance des complications éventuelles.
On pourrait proposer [2] :
- pour les patients avec un reflux peu fréquent, une automédication par antiacides ou anti H2 (d'efficacité très rapide) à la demande ;
- pour les patients avec un reflux fréquent, un traitement à la demande dans les cas de reflux sans œsophagite et un traitement continu dans ceux avec œsophagite, pour prévenir l'apparition de complications.
1. Bretagne JF, et al. Le reflux gastro-œsophagien dans la population générale française. Résultats d'une enquête sur 8000 sujets adultes. Presse Méd. 2006;35:23-31.
2. Metman EH. Reflux gastro-œsophagien : une épidémie corrélée à celle de l'obésité ? Presse Méd. 2006;35:11-12.