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Salle détente

BURN OUT DES GÉNÉRALISTES   :
N'oublions pas qu'un bon médecin est un médecin vivant…


cliquez et détenteeez-vous.......

 


Les facteurs de risque

– Une suractivité ou plutôt un surinvestissement au détriment de l'épanouissement personnel. Un médecin doit avoir le droit de profiter de sa vie au même titre que n'importe quel autre citoyen : le métier de généraliste est considéré comme une vocation, voire un sacerdoce. Derrière ces mots, se cachent aussi de bons prétextes permettant à nombre de nos concitoyens de devenir de petits tyrans : la fièvre du petit à 38,5 ne nécessite pas une visite immédiate à 19 h 30.

L'isolement : le médecin généraliste, isolé, ne pouvant communiquer avec ses confrères, est exposé aux troubles dépressifs.

– La pression des caisses : la pression excessive de nos autorités de contrôle peut jouer un rôle négatif sur le praticien isolé, qui subira d'autant plus sa journée qu'il se sentira pris entre l'exigence de la caisse et celle de sa clientèle.

– Une clientèle mal éduquée. Il faut pouvoir se dégager de la pression et des exigences excessives de certains patients, qui, par simple caprice personnel, exigent de la part de leur médecin des amplitudes horaires disproportionnées, comme la licence du sport le samedi.

– Une incapacité à dire non qui découle d'un manque d'estime de soi. Si le médecin pense que le refus de l'arrêt de travail implique que le patient ne reviendra plus, cela signe un manque flagrant de confiance en soi : le patient consulte pour être en bonne santé et le refus bien argumenté ne sera pas une cause de son départ. Le médecin doit rester maître de son diagnostic et de la conduite à tenir.

– Une société exigeante qui ne permet ni la simple erreur médicale, ni même quasiment plus la mort naturelle du patient – il devient presque exceptionnel que le médecin ou l'hôpital ne soit pas mis en cause d'une manière ou d'une autre.

– Le décès des malades, mal appréhendé par le médecin, est vécu de manière de plus en plus culpabilisante.

Les signes d'alerte

La perte du plaisir à exercer son métier. Lorsque celui-ci devient oppressant et seulement source de revenus, le médecin généraliste doit rechercher ce qui, dans les conditions de son exercice, lui déplaît. Dans l'idéal, chaque métier devrait être source d'épanouissement personnel.

– Un changement de caractère : une impulsivité, l'apparition d'un certain cynisme, la sensation d'impuissance.

– Un isolement accentué.

– La perte du respect de soi, une impression d'être devenu incapable de soigner ses patients.

– L'incapacité à résister à la pression des patients, aux petites et multiples agressions.

– L'incapacité à mener ses consultations et des patients qui, littéralement, dominent leur médecin et mènent la consultation à leur gré.

– La décompensation de certaines névroses sous-jacentes.

– La difficulté à se protéger du décès de ses malades.

Les moyens de prévention à mettre en place

– De la part des pouvoirs publics : ils doivent se responsabiliser et arrêter de faire des médecins les boucs émissaires des déficits de la sécurité sociale. Ils doivent accepter de protéger les médecins face à la pression des médias et de l'opinion publique. La multiplication des articles démagogiques mettant en cause de manière quasi systématique la compétence des médecins ne peut qu'amener la population à remettre en cause de manière disproportionnée la compétence de leur médecin. Il ne s'agit pas de dire que nos campagnes se dépeuplent, et hypocritement s'en désoler, si c'est pour soumettre à la vindicte populaire le médecin généraliste…

– Dans notre formation : il faut enseigner ce fameux syndrome du burn out aux futurs médecins, afin que ceux-ci sachent détecter les premiers prémices et puissent mettre en place les défenses adéquates pour s'en prévenir.

– Le Conseil de l'Ordre: nécessité d'informer les médecins du risque pour leur santé mentale que représente leur métier.

Pourquoi ne pas avoir finalement un médecin du travail nommé qui serait chargé de voir deux fois par an les médecins libéraux ?

On pourrait imaginer aussi qu'un certain nombre de nos confrères à la retraite puissent jouer le rôle d'aînés bienveillants et intervenir à la demande du Conseil de l'Ordre (cela dans la plus stricte confidentialité).

– Le médecin généraliste lui-même : il lui faut connaître l'ensemble des symptômes et être averti des risques liés à son métier. Savoir ne pas materner sa clientèle : les patients peuvent eux-mêmes prendre leur rendez-vous avec les spécialistes. Hormis les cas de réelle urgence, ou de personne âgée ou socialement défavorisée incapable de se débrouiller, il ne semble pas nécessaire de rallonger nos journées d'actes purement administratifs. Notre temps est précieux, il s'agit de notre vie, ne le gaspillons pas.

Apprendre à dire non sans se sentir coupable. La problématique de dire non se situe souvent dans la manière et non pas dans le résultat. Il y a des non que l'on ne vous pardonne jamais, car ils sont donnés sans explication et de manière brutale (cela d'autant plus que le médecin n'est pas à l'aise).

Aménager des plages de temps personnel : le généraliste doit s'autoriser à prendre des moments de détente. Pour beaucoup, prendre du temps de repos ou de plaisir semble être culpabilisant. Un médecin qui se repose est un médecin qui sera efficient et capable de prendre en charge de la manière le plus adéquate sa clientèle.

Analyser les points forts de sa personnalité et ses points faibles afin de ne pas méconnaître ses failles et de mettre en place les éléments de défense nécessaires à l'exercice de son métier.

Il faut réévaluer ses connaissances médicales. La sensation d'être incompétent participe grandement à la réalisation de ce syndrome. Il faut donc veiller à participer à des formations médicales continues.

Il faut valoriser notre exercice. Cela demande de ne pas tomber dans la routine de renouvellement, de profiter des examens systématiques pour réaliser des dépistages divers qui valorisent notre fonction de médecin. Il faut donner du temps aux consultations, ce qui permet de donner une bonne qualité de médecine et donc de recevoir un retour positif de notre clientèle (il ne faut pas négliger notre part narcissique).

Il faut rester confraternel entre médecins. La critique d'un de nos confrères entraîne la remise en cause de la compétence médicale en général.

Il faut veiller à avoir une vie personnelle épanouie : vie familiale, mais aussi vie relationnelle. La pratique de notre métier ne justifie pas le sacrifice de sa famille.

Il nous faut veiller à ne pas exercer de manière isolée et donc favoriser l'exercice en groupe. Il nous faut travailler en réseau. Il faut savoir déléguer, demander les conseils, envoyer à des confrères…

De manière régulière, il nous faut faire le point de notre carrière et éviter de rentrer dans une certaine routine. Il y a nécessité d'avoir des horaires variés, des plages de repos.

Il faut savoir au cours de sa carrière prendre des orientations différentes avec des formations pouvant revaloriser nos compétences acquises.

Enfin, il faut savoir peut-être participer à des groupes d'analyses de pratiques, groupes dans lesquels nous pourrons exprimer des difficultés, nos angoisses, mais aussi nos réussites et nos échecs.

Il ne faut pas hésiter à aller à la rencontre des confrères que nous sentons fragilisés, car bien souvent cela permettrait d'éviter des drames humains

Conclusion

Toutes ces mesures sont difficiles à réaliser pour un médecin généraliste, qui se retrouve bien désarmé à l'heure de prendre soin de lui-même. Mais elles semblent essentielles pour prévenir le burn out. N'oublions pas qu'un bon médecin généraliste est un médecin vivant…

> Drs BÉATRICE JOFFRE ET THIERRY JOFFRE

Une profession à risque
– Dans une enquête réalisée en 2007 en Ile-de-France par l'URML, 53 % des médecins libéraux se déclarent menacés par le burn out. Le profil du praticien à risque est un célibataire, âgé de 45 à 50 ans, exerçant en secteur I, qui réalise plus de 6 000 actes par an et pratique de nombreuses visites (« le Quotidien » du 28 juin 2007).

– Une étude menée en 2003-2004 par le Dr Yves Léopold dans 26 départements, auprès de 44 000 médecins en activité, aboutit à un taux de suicide représentant 14 % des décès, contre 5,4 % dans la population générale d'âge comparable (de 30 à 65 ans).

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