14 Janvier 2012
Les médecins disparaissent aussi des villes
Après les campagnes, c'est au tour des villes d'être touchées par la désertification médicale.A Compiègne, un cabinet composé de cinq Médecins ferme faute de successeurs.
COMPiÈGNE
Le 31 mars, le quartier de l'ancien hôpital à Compiègne va perdre son cabinet médical.
Près de 8000 patients vont devoir trouver un nouveau médecin de famille.
"Nous avons trois départs à la retraite et on ne pourra part continuer a assumer les charges.
Nous allons devoir mettre trois personnes au chômage", déplore le docteur Frédéric Groseil.
Pendant deux ans ils ont cherché leurs successeurs sans résultats. "
Pourtant nous avons été très arrangeants. Ils auraient bénéficié d'une bonne clientèle mais rien n'y a fait.
En décembre, nous avons annoncé à nos patients que nous fermions le cabinet. Malheureusement, nous ne sommes qu'un exemple parmi tant d'autres.
" L'administratif prend maintenant 20% du temps" Hervé Berche, 67 ans, médecin qui part à la retraite.
Car le mal est bien plus profond. A Compiègne, selon lui, 25% des médecins spécialisés libéraux ont 60 ans et plus." " Dans les deux ans qui viennent, la moitié des libéraux seront partis sans successeurs", constate le médecin. La vielle compte environ 25 généralistes libéraux pour 42000 habitants.
Cette désertification médicale s'explique principalement par la lourdeurs des taches administratives et les charges financières à assumer pour tenir un cabinet à flot (lire ci-dessous)
Un tel avenir rebute les jeunes diplomès qui préfèrent le confort du cadre salarial et ses avantages (lire ci-dessous).
Selon le conseil national de l'ordre des médecins, en Picardie au cours de l'année 22010 seuls, 7,6 % des nouveaux inscrits à l'ordre
Dans le Parisien, édition Oise 14 Janvier 2012
lien : http://www.leparisien.fr/oise-60/les-medecins-disparaissent-aussi-des-villes-14-01-2012-1811010.php
« La paperasserie complexifie la profession »
Les campagnes sont-elles plus touchées par la désertification médicale?
GEORGES JUNG. Le problème est identique. Le discours global politique nous dit que la campagne n’attire pas, mais c’est pareil en ville, au nord comme au sud du pays.
Dans un village, quand le médecin part en retraite, ça se voit plus. C’est tout. Paris intra-muros, Marseille sont les deux plus grandes villes de France et pourtant, elles sont tout autant concernées par le déficit de médecins généralistes libéraux.
Pourquoi la jeune génération n’assure plus la relève des médecins généralistes?
Il y a trois raisons à cela.
-D’abord, il y a un envahissement des actes administratifs sans aucune compensation financière pour permettre de déléguer ces tâches rébarbatives à un secrétariat. Ces délires de paperasseries complexifient la profession.
-En deuxième lieu, les jeunes n’ont aucune lisibilité du métier qu’ils vont exercer. On leur dit que les pharmaciens font ci, les sages-femmes font ça… Ils ne savent plus comment s’articule leur métier.
-Troisième point, le médecin généraliste libéral est un chef d’entreprise avec beaucoup de responsabilités. Pour faire vivre son cabinet, il ne compte pas ses heures et en échange n’a pas de protection sociale.
Quelle serait la solution?
Qu’on soit capable de donner les mêmes moyens à tous les médecins et qu’on répartisse mieux les budgets.
Un exemple, les politiques n’arrêtent pas de nous vanter les mérites des maisons de santé en zone rurale.
Il y en a 13 en projet en Picardie. Combien verront le jour? Elles ont un coût important pour la collectivité et ne concernent que 0,5% des médecins et 2% de la population française!
Ce sont des coquilles vides qui ne seront pas rentables.