Association de Formation Médicale Continue - Formation et Informations Médicales - ---------au service des professionnels de santé et de la santé ------------ depuis 1974
20 Décembre 2010
Pour prendre la pilule, examen gynécologique, examen des seins et prise de sang ne sont pas nécessaires...
c'est ce que dit Martin Winckler .....alias Dr Marc ZAFFRAN
Les médecins le justifient parfois en arguant qu’il s’agit d’un moyen de détecter une maladie de l’utérus, des trompes ou des ovaires , une infection sexuellement transmissible ou une grossesse.
Or, pour l’OMS les affections suivantes : endométriose ; fibromes utérins ; tumeurs ovariennes bénignes ; cancer de l’endomètre et cancer ovarien ; ectropion cervical n’interdisent pas que la contraception hormonale soit utilisée en toutes circonstances et même, dans les pays en développement, délivrée par une personne ayant reçu une formation clinique limitée (autrement dit : une infirmière, et non un médecin).
Les infections sexuellement transmissibles (y compris l’infection à VIH) et l’infection génitale haute ne sont pas non plus des contre-indications à la contraception hormonale.
En effet, aucune de ces affections n’est aggravée par la contraception hormonale (pas plus que la grossesse).
De plus, la présence de la plupart de ces affection est habituellement associée à des symptômes que l’on peut identifier en interrogeant la femme, et cet interrogatoire devrait être fait AVANT la prescription des contraceptifs hormonaux.
Ces affections sont-elles fréquentes parmi les femmes en âge de procréer, et l’examen gynécologique est-il l’outil le plus approprié pour procéder à ce diagnostic ? La réponse est non, et voici pourquoi :
- le grossissement de l’utérus ou des ovaires ? : Les cancers de l’ovaire et de l’endomètre (paroi intérieure de l’utérus) sont des maladies qui frappent en priorité les femmes ménopausées. Donc, pas les utilisatrices de la pilule...
- Les fibromes utérins ? Ils sont fréquents parmi les femmes en âge de procréer, surtout après 35 ans, mais se transforment très rarement en tumeurs malignes. Chez une femme qui ne présente aucun symptôme, la découverte d’un fibrome à l’issue d’un examen clinique n’a pas d’incidence, d’autant plus que la contraception orale, en général, limite la croissance des fibromes !
- Le cancer du col utérin ? Il devrait être détecté au moyen de programmes de dépistage de routine - autrement dit : le frottis vaginal, qu’il est abusif d’effectuer plus d’une fois tous les trois ans chez une femme n’ayant qu’un seul partenaire sexuel.
D’après les consensus scientifiques actuels, le premier frottis devrait avoir lieu à l’âge de 25 ans OU BIEN 8 ans après le premier rapport sexuel. Ce qui ne concerne évidemment pas les adolescentes.
- Les infections sexuellement transmissibles ? Elles sont fréquentes parmi les jeunes femmes sexuellement actives, mais l’établissement des antécédents sexuels (multipartenariat, absence d’utilisation de préservatifs) et la présence de symptômes éventuels comme des " pertes " anormales permettent au médecin de déterminer lesquelles de ces femmes sont exposées à des risques particuliers et doivent faire l’objet d’un dépistage.
Par ailleurs, les infections asymptomatiques (silencieuses) telles que l’infection à Chlamydia trachomatis ne sont détectées que par des tests microbiologiques spécifiques, et non par l’examen clinique seul.
- la grossesse ? le médecin (et la femme...) l’évoquent sur la base de l’historique des règles. Et quoi qu’il en soit, si une grossesse a débuté il y a moins de six semaines, elle n’est pas détectée par l’examen gynécologique ("toucher" vaginal) : l’utérus n’a pas encore grossi. Dans le doute, un test de grossesse acheté en pharmacie est plus fiable, tout aussi rapide et beaucoup moins agressif pour la femme.
On peut déduire logiquement de ce qui précède que l’examen des seins et l’examen gynécologique sont absolument abusifs avant prescription d’une pilule contraceptive à une adolescente ou une femme jeune en bonne santé qui ne se plaint de rien
Il n’est pas inutile que ces femmes le sachent afin de refuser, poliment mais fermement, l’examen clinique comme " condition " de la délivrance de la pilule.
Le document de l’IPPF ajoute en effet : L’examen des seins ou du pelvis ne permet que rarement de détecter l’existence d’une maladie. Par contre, il a tendance à attirer l’attention sur des phénomènes qui ne présentent pas de pertinence clinique et, ce faisant, suscite l’inquiétude des patientes.
Les femmes seraient plus susceptibles de solliciter des conseils en matière de contraception si ces deux types d’examen, qui ne présentent que peu d’utilité d’un point de vue clinique, cessaient d’être systématiques et n’étaient effectués que lorsque les antécédents médicaux de la patiente le justifient. Les praticiens qui y ont recours de façon systématique devraient se demander pourquoi ils continuent de le faire.
Les recommandations actuelles de l’OMS en matière d’utilisation des contraceptifs indiquent que le seul examen médical nécessaire avant prescription d’un contraceptif hormonal est la mesure de la tension artérielle.
J’ajouterai qu’en France, la prescription de pilule contraceptive PEUT et DOIT (en l’absence de contre-indication) être faite pour 12 MOIS ! ! ! ! La loi (et la sécu) l’autorise absolument.
Même si vous devez tout de même aller chercher une boîte de trois plaquettes chaque trimestre chez votre pharmacien (car la délivrance de la pilule n’est autorisée que pour trois mois d’affilée), il est abusif qu’on vous impose une consultation tous les 3 ou 6 mois uniquement pour renouveler une pilule que vous tolérez parfaitement.
Martin Winckler
Article du 16 novembre 2008