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31 Mars 2013
extrait de Pilule de 3e génération : ce que cette crise nous dit du système de santé français
Par Martin Winckler
" Les praticiens englués dans des gestes systématiques devraient changer d’attitude
En pratique, qu’est-ce qu’une utilisatrice de pilule (nouvelle ou de longue date) est en droit de connaître (et donc, d’obtenir de son médecin) aujourd’hui ?
Petite liste non exhaustive :
- toutes les méthodes contraceptives disponibles, avec leurs avantages et leur inconvénients ;
- les effets secondaires probables ou prévisibles de chacune, en fonction de son âge, de ses antécédents personnels et familiaux, de son mode de vie, de ses projets de maternité ;
- les événements de la vie qui sont susceptibles de lui faire reconsidérer sa méthode de contraception et les options qui existent, quand elles le désirent !
- quels praticien(ne)s peuvent leur prescrire et leur poser les méthodes dont elles ont besoin : généralistes, sages-femmes, gynécologues devraient constituer tous ensemble un annuaire de celles et ceux qui posent couramment, et sans objection, des DIU et des implants aux femmes qui le demandent, et pratiquent des ligatures de trompes (ou peuvent référer à des praticiens qui le font) sans poser de questions ni culpabiliser les femmes qui en font la requête.
On me rétorquera que tout ça prend du temps et que les praticiens n’en ont pas.
Erreur : ce temps, ils l’ont mais le gaspillent.
Beaucoup trop de médecins perdent un temps précieux en imposant examen gynécologique, examen des seins, voire échographie à toutes leurs patientes. Or, ni l’un ni l’autre ne sont indispensables pour une consultation de contraception ;
ils ne sont justifiés que lorsque la femme a des symptômes qui le nécessitent.
On éviterait bien des angoisses inutiles, en particulier, en cessant de qualifier de "polykystose ovarienne" des images échographiques parfaitement normales ou d'imposer un frottis annuel dès les premiers rapport sexuels alors qu'une femme qui va bien a seulement besoin d’un frottis du col tous les trois ans (ce sont les recommandations de la HAS, mais aussi de toutes les agences des grands pays) à partir de 25 ans !
Et ne parlons pas de la "visite gynécologique annuelle pour voir si tout va bien". Des articles récents remettent en cause le "check-up annuel" des hommes de 50 ans : il est coûteux et n’a pas d’intérêt en dépistage. Alors, une visite pour une femme jeune qui va bien ? Une porteuse de DIU ou d’implant qui va bien n’a pas besoin du médecin pendant trois ans. Une utilisatrice de pilule qui va bien, non plus.
On peut lui renouveler son ordonnance après une simple conversation téléphonique, car je ne connais aucune femme qui, ayant des effets secondaires gênants, persiste à prendre sa pilule sans demander conseil. Si elle continue à la prendre malgré les effets secondaires, c’est toujours parce qu’on lui a dit de poursuivre. Or aucun praticien digne de ce nom n’oblige un patient à prendre un médicament qui lui pourrit la vie. (Les médicaments indispensables, par définition, ne pourrissent pas la vie, ils la rendent meilleure.)
Si les praticiens englués dans tous les gestes systématiques inutiles décidaient de changer d’attitude, et de caler leurs consultations sur les besoins des patientes et non sur des rituels destinés essentiellement à se rassurer, ils débloqueraient beaucoup de temps pour… entendre les questions, proposer des solutions – bref, pour échanger avec les femmes.
C’est cela, seulement, qui leur permettra de regagner la confiance perdue. Car la majorité des patients peuvent parfaitement comprendre qu’un médecin n’ait pas toutes les réponses. Mais il ne peuvent plus considérer comme compétents des "professionnels" qui traitent par le mépris leurs questions et leurs craintes légitimes. "
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source: Pilule de 3e génération : ce que cette crise nous dit du système de santé français
Modifié le 30-03-2013 à 18h27
Par Martin Winckler
Médecin et écrivain