
La médecine générale "est dramatiquement sinistrée" selon l'ordre des médecins
LEMONDE.FR avec AFP | 21.09.06 | 09h32
Seuls 62 % des médecins généralistes inscrits au Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM) exercent exclusivement la médecine générale, selon une enquête du CNOM, pour qui cette spécialité "est dramatiquement sinistrée".
Le CNOM a envoyé un questionnaire auprès des 96 275 médecins inscrits en tant que généralistes. Son enquête a été faite à partir de 21 439 questionnaires exploitables.
Il en ressort que
13 366 médecins (62 %) "déclarent exercer exclusivement la médecine générale",
5 047 (24 %) ne la pratiquent "pas du tout", tandis que
2 916 (14 %) "pratiquent la médecine générale à temps partiel avec une autre pratique",
a expliqué le Dr Irène Kahn-Bensaude, du CNOM, lors d'un point presse organisé mercredi 20 septembre.
Les autres pratiques sont la médecine du travail, la psychiatrie, la gériatrie, l'allergologie, l'angéiologie, l'acupuncture, l'homéopathie...
L'EXAMEN NATIONAL EST "À REVOIR TOTALEMENT"
C'est seulement dans une douzaine de départements (Calvados, Manche, Indre, Charente, Savoie, Landes, Lot-et-Garonne, Côte d'Or...), souvent ruraux, que l'on trouve des médecins généralistes exerçant à plus de 75 % la médecine générale, d'après l'enquête.
"La médecine générale est dramatiquement sinistrée", estiment les responsables du CNOM, qui l'expliquent par un manque de reconnaissance, une moindre rémunération par rapport aux spécialistes, le poids des charges administratives.
"Il est temps que l'enseignement supérieur (...) prenne conscience de ce problème", a déclaré Jacques Roland, son président, pour qui l'examen national classant (ENC, ex-internat) est "à revoir totalement dans sa forme et sa répartition sur le territoire".
Il a regretté notamment que l'idée d'un "examen régional classant" soumise par un expert de la démographie médicale, le professeur Yvon Berland, n'ait pas été retenue : "C'est parce que nous sommes déjà dans la fin de la législature. Xavier Bertrand [le ministre de la santé] sait qu'il n'a pas de marge de manœuvre de ce point de vue", a estimé M. Roland.