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Le dépistage du cancer de la prostate marque un point:ERSPC (European Randomized Study of Screening for Prostate Cancer)

Le dépistage du cancer de la prostate marque un point

        Dans une population de plus de 160 000 hommes, le dépistage organisé permet de réduire de 20 % le risque de décéder d’un cancer de la prostate par rapport au groupe contrôle.

Tel est le principal enseignement de l’étude européenne ERSPC (European Randomized Study of Screening for Prostate Cancer), la plus importante étude randomisée réalisée jusqu’alors sur le dépistage du cancer de la prostate. Des équipes françaises y ont participé (DR X Rébillard et Iborra, PR A Villers et Balavaud) avec le soutien de l’Institut National du Cancer (INCA).

        Le dépistage systématique du cancer de la prostate reste un sujet très débattu.
Les autorités de santé ont longtemps été réticentes au dépistage organisé faute de preuves suffisantes du gain sur la mortalité.
 La Haute Autorité de Santé (HAS) a ainsi adopté cette attitude en 2004 : "Le bénéfice en termes de réduction de mortalité globale d’un dépistage systématique du cancer de la prostate par le dosage du PSA sérique total n’est pas démontré".

                 Aujourd’hui ERSPC est reçue avec satisfaction. « C’est une réelle avancée, les résultats sont sortis avec un an d’avance. Le dépistage organisé est mieux que le dépistage individuel et cela va remettre en question la politique diagnostique» indique au generaliste.fr le Pr Pascal Rischmann (président de l’Association Française d’Urologie).           Rappelons qu’actuellement, elle préconise un dépistage individuel pour les hommes de 50 à 75 ans par dosage du PSA total et toucher rectal annuel.
L’étude tend à montrer que c’est la tranche d’âge 55 à 69 ans qui est la plus à risque et qui doit bénéficier d’un dépistage actif. « L’idée n’est pas de faire un dépistage à 75 ans mais plutôt de se focaliser sur les sujets à haut risque».

                 Car, toute la problématique se centre autour des risques de surdiagnostic d’un cancer qui n’aurait jamais fait parler de lui et les dangers d’un surtraitement exposant aux risques d’effets secondaires sans bénéfice de survie.
Pour le Pr Rischmann : « Il faut sortir de cette polémique stérile et dissocier le diagnostic du traitement. 30 % des cancers sont peu agressifs. En tout cas, il vaut mieux savoir que de laisser évoluer un cancer qui se révèlera au stade métastatique. Nous faisons des recherches transversales pour trouver des marqueurs d’agressivité et de nouvelles recommandations devraient sortir pour donner des informations claires au public et aux médecins. Clairement, en organisant le dépistage, on réduit la mortalité et nous nous attendons à ce que le bénéfice soit plus important encore dans 5 ans ».

                     Le débat reste néanmoins ouvert, puisque, simultanément, paraît l’étude américaine PLCO (U.S. Prostate, Lung, Colorectal, and Ovarian) dont les résultats sont là négatifs. « L’effectif était insuffisant, le groupe contrôle a eu un dépistage dans la moitié des cas et la population était plus âgée » analyse le Pr Rischmann. La controverse ne semble pas s’éteindre si on en croit l’éditorialiste Michael J. Barry (Massachusetts general Hospital, Boston, Etats-Unis). Il reste très sceptique sur l’intérêt du dépistage.
     Selon l’étude européenne, il faut 1400 dépistages pour éviter un seul décès par cancer de la prostate sur dix ans soit 7 décès évités pour 10 000 dépistés. « Ce bénéfice se fait au prix de substantiels surdiagnostics et surtraitements » écrit ce spécialiste.

                    Dans la perspective du Plan Cancer 2009-2013, de nouvelles décisions devraient être prises concernant le dépistage dès la fin de l’année 2009. Mais pour l’heure, l’Inca ne tranche pas pour un dépistage de masse. Ainsi que l’expliquait à l’AFP, un de ses experts, le Dr Jérôme Viguier, "de nombreuses questions restent posées -sur l’âge, la fréquence du dépistage, le test lui-même, car d’autres tests sont en cours d’évaluation- et l’INCA met en place un programme de recherche pour tenter d’y répondre."

Dr Muriel Gevrey

Schröder FH, Hugosson J, Roobol MJ, et al. Screening and prostate-cancer mortality in a randomized European study. N EnglJ Med 2009;360:1320-8.

Screening for Prostate Cancer — The Controversy

That Refuses to Die Michael J. Barry, M.D. N Engl J Med 360;13 nejm.org march 26, 2009
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