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Campagne pour le dépistage de lhépatite C : 200 000 malades qui signorent
5 Mai 2006
Campagne pour le dépistage de l’hépatite C : 200 000 malades qui s’ignorent
Le 11 mai sera lancée une campagne de sensibilisation du grand public au dépistage de l’hépatite C. L’occasion de mettre en lumière une pathologie dont les modes de contamination et les complications sont souvent peu connus.
TROISIÈME ACTE dans la lutte contre l’hépatite C. Dès le 11 mai, une campagne incitative pour son dépistage va envahir l’affichage public et la presse, prenant ainsi le relais du plan de lutte établi par Xavier Bertrand (« le Quotidien » du 13 décembre 2005) et de la Journée nationale du 21 janvier dernier. Un martelage médiatique soudain mais urgent : sur 500 000 personnes contaminées en France, seules 280 000 sont dépistées et 40 000 guéries. Un constat d’autant plus regrettable que «c’est l’une des rares maladies chroniques virales dont on se remet définitivement».
Au vu du sondage TNS Healthcare réalisé pour les Laboratoires Roche, il y a du pain sur la planche. Dès que l’on parle de l’hépatite C, la méconnaissance est patente (deux Français sur trois ne savent pas comment elle se transmet) et on frôle le bêtisier lorsque l’on avance dans les détails de la maladie. Comparée au sida, quand elle n’y est pas associée, l’hépatite C souffre aussi de la confusion que le grand public fait avec les autres hépatites, A et B. Autant d’amalgames qui brouillent son identité et entretiennent des idées préconçues sur la maladie : «L’hépatiteC ne se transmet pas par voie sexuelle. Il n’y a pas de virus dans les sécrétions vaginales et le sperme. La contamination se fait par le sang. Pourtant, j’entends encore des gens me dire que le sida et l’hépatiteC, c’est la même chose», se désole le Dr Jean-Louis Boujenah, président de l’Angrehc (Association nationale des généralistes pour la réflexion et l’étude du virus de l’hépatite C).
En silence, l’hépatite C ronge la santé et expose le patient à d’autres pathologies graves : elle est la deuxième cause de cirrhose du foie. «Il n’y a pas de symptômes visibles, pas forcément de fatigue inhabituelle et aucune douleur hépatique.
C’est une maladie au développement asymptomatique.
On en subit les effets lorsque le mal est déjà bien avancé», indique le Pr Patrick Marcellin (hôpital Beaujon, Clichy). Pour les porteurs chroniques, ceux ayant un taux élevé de transaminases, c’est, au bout du compte, la décompensation ou le cancer du foie.
La multiplicité des génotypes complique en plus la rémission de l’hépatite C. «C’est un virus à ARN, poursuit P. Marcellin. Il mute avec une grande facilité et peut échapper à la réponse immunitaire. Le génotype1, le plus difficile à traiter, est majoritaire.» Mais, depuis la bithérapie pégylée – l’interféron pégylé associé à la ribavirine –, l’effet obtenu est puissant et les chances de guérison oscillent, selon le génotype, entre 50 et 90 %. Encore faut-il être dépisté…
Le rôle des généralistes. «L’histoire d’une maladie commençant souvent dans le cabinet des généralistes», ils ont un rôle décisif à jouer dans cette guerre menée contre l’hépatite C. «Nous sommes plus de 60000 en France. Nous sommes donc un maillon essentiel dans la prévention et le système de santé, s’enhardit J.-L. Boujenah. Pour dépister l’hépatiteC, il suffit d’un interrogatoire bien mené, d’un examen à faire, pas vingt, juste une sérologie. Il faut prescrire une PCR pour voir s’il y a une réplication virale.»
Dans ce concert d’une profession médicale au diapason, une voix discordante, celle de Michel Bonjour, président de SOS-Hépatites, se fait pourtant entendre : «On rabâche toujours la même chose, on clame haut et fort que l’hépatiteC est l’affaire de tous, une priorité de santé publique. Il ne faut pas oublier les malades là-dedans. La dépression accompagne souvent cette pathologie. Le traitement est lourd: une injection par semaine et des cachets tous les jours pendant six mois, voire un an, ce n’est pas réjouissant. Alors, l’écoute des professionnels de santé, un mot, une attention, c’est essentiel.» Le message est passé.