Les
conseils nationaux vont suspendre les agréments des associations Très inquiets pour l'avenir de la formation médicale continue (FMC) obligatoire et du rôle qu'ils joueront dans le futur dispositif, les conseils nationaux de FMC vont suspendre les agréments des associations de formation dans l'attente d'une clarification gouvernementale.
FACE AUX DÉSAGRÉMENTS, loin des agréments.
Surpris des nombreux reports successifs du lancement de la formation médicale continue obligatoire, les conseils nationaux (CNFMC) vont suspendre les agréments des organismes dans les prochaines semaines.
L'annonce de la ministre de la Santé «d'ajuster le dispositif de formation dans le cadre du projet de loi de modernisation de l'organisation de la santé à l'automne» a résonné comme une gifle pour les CNFMC (« le Quotidien » du 15 avril). Le lancement de l'obligation quinquennale de formation et d'évaluation sera en effet automatiquement repoussé au début de l'année 2009. Or le mandat des conseils nationaux se termine le 9 février. D'aucuns redoutent que l'organisation de la FMC obligatoire, esquissée dans la loi de santé publique de 2004, n'ait été qu'un vaste brouillon. Et que la volonté de simplification du système de FMC et d'EPP, exprimée par Roselyne Bachelot, ne signifie la remise en cause des conseils nationaux après la suppression des conseils régionaux. «Nous nous demandons sérieusement si le ministère de la Santé a l'intention de reconduire les CNFMC ou de confier la FMC à la Haute Autorité de santé (HAS)», affirme le Dr Bernard Ortolan, président du CNFMC des médecins libéraux.
Dans l'expectative depuis plusieurs semaines, les responsables des conseils des médecins libéraux, hospitaliers et salariés ont pris la décision de suspendre temporairement les agréments des associations de FMC. Les conseils vont poursuivre l'examen des dossiers envoyés par les organismes mais ils ne rendront pas publics les agréments. «Nous allons faire un rapport d'activités de nos quatre années et demie de travail et montrer que nous avons rempli nos missions, poursuit le Dr Ortolan. Nous ferons également des propositions à la ministre de la Santé pour améliorer la convergence entre la FMC, l'EPP et la FPC tout en élargissant les ressources de financement public.»
Enquête nationale et rendez-vous. Le CNFMC des médecins libéraux va pour sa part lancer une enquête nationale sur l'organisation de la FMC auprès des 120 000 praticiens qu'il représente. «Nous voulons savoir si les médecins souhaitent que la FMC et l'EPP restent dans les mains de la profession (CNFMC) ou reviennent à la HAS», précise Bernard Ortolan.
Sur la défensive, les CNFMC vont faire dans les prochaines semaines un intense lobbying. Ils ont rencontré la semaine dernière un conseiller de l'Elysée et seront prochainement reçus à Matignon. Sont également prévues au programme des rendez-vous avec l'Ordre des médecins la HAS, l'assurance-maladie...
Alors que le CNFMC des libéraux veut privilégier l'action forte, les conseils des hospitaliers et des salariés sont davantage partisans de la méthode douce... Ils espèrent, dans les six prochains mois, réussir à convaincre les pouvoirs publics de leur expertise en matière de formation. «L'obligation de FMC et d'EPP est une attente fondamentale des Français et tous les acteurs du monde de la santé doivent en être parties prenantes pour arriver à l'acceptabilité de la réforme», estime le Dr Alain Beaupin, président du CNFMC des médecins salariés. Même son de cloche chez le Pr Dominique Bertrand, président du CNFMC des hospitaliers : «Il faut un dispositif accepté par la profession, efficace pour le système de santé et que tous les acteurs soient unis, commente-t-il. Nous devons faire passer ce message auprès du cabinet du ministère de la Santé et dans les endroits où va se décider l'avenir de la formation médicale continue.» Les CNFMC resteront-ils les pilotes de l'avion FMC, en instance de décollage depuis maintenant douze ans ?
> CHRISTOPHE GATTUSO
Le Quotidien du Médecin du : 30/04/2008