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1 Mars 2016
CONCLUSION
Les chutes des patients âgés sont une problématique qui relève certes du médecin généraliste, on l’a vu, mais qui, finalement, sont intégrées dans un contexte social et sociétal beaucoup plus large. Il est apparu ici important de se placer du côté du patient, afin de pouvoir s’imprégner de ses représentations, de ses peurs, de ses attentes.
A l’aide de la méthode qualitative, en utilisant des entretiens semi-directifs, nous avons pu mettre en évidence de nombreux facteurs, à la fois inhérents au patient, au composantes intrinsèques de sa chute, et aux conséquences de celle-ci, qui peuvent intervenir dans le fait de déclarer sa chute à son médecin, c'est-à-dire en somme, de donner au médecin la possibilité d’intervenir dans son domaine d’application : stratégie interventionnelle conséquente à la chute, et prévention des nouvelles chutes.
Lorsque le patient déclare sa chute, donc consulte son médecin, il a de façon consciente ou non, certaines attentes vis-à-vis de la consultation. Nous avons tenté de dégager plusieurs de ces attentes, à l’intention des médecins généralistes. En s’imprégnant des attentes des patients nous pouvons adapter notre discours et le déroulement de notre consultation, afin d’amener une meilleure déclaration ultérieure, qui facilitera à la fois le dépistage des patients chuteurs et la prévention des nouvelles chutes.
Ces données pourraient servir de base à une formation des médecins généralistes originale, qui porterait non pas sur la chute mais sur la façon d’aborder la question de la chute en consultation, l’évaluation d’un tel programme à la fois sur les médecins eux-mêmes et sur leur patientèle permettrait d’en mesurer l’impact réel.
Résumé :
Les chutes entrainent une forte morbi-mortalité pour les personnes âgées. La littérature recommande le dépistage, l’identification des facteurs de risque des chutes afin de mettre en œuvre des mesures de prévention. Pourtant, la grande majorité des chutes ne sont pas signalées au médecin traitant. Quels sont les déterminants de la déclaration ou non des chutes, par les patients de plus de 65 ans, à leur médecin? Quelles sont leurs représentations des chutes ?
Pendant 9 mois de remplacements, nous avons demandé à tous les patients de plus de 65ans s’ils avaient chuté au cours des 12 derniers mois ; et si oui, s’ils en avaient parlé au confrère remplacé. Nous avons obtenu ainsi deux groupes de patients : « chuteurs déclarés » et « non déclarés ». Nous avons réalisé 12 entretiens semi dirigés. Les entretiens ont été enregistrés et analysés selon la méthode de l’analyse thématique. Plusieurs critères semblent influer sur la déclaration des chutes : type de chute (mécanique), symptôme suite à la chute (malaise, traumatisme, douleur), localisation du traumatisme (crâne), incitation d’un proche à consulter. La présence d’une culpabilité a un effet inverse (favorise la non-déclaration). Le questionnement direct du médecin lors d’une consultation amène dans tous les cas la déclaration. Les attentes du patient lors d’une consultation pour chute sont : examen clinique complet, analyse de l’ordonnance, prescription de kinésithérapie, conseils, réassurance. Parfois la consultation génère de la peur, ce qui ne favorise pas la déclaration d’une nouvelle chute.
La chute représente une sorte de « déchéance » pour l’individu, en parler relève de la confidence intime, le médecin doit en tenir compte. Développer une politique de prévention des chutes passe par une déclaration de celles-ci, favorisée par une communication appropriée prenant en compte les représentations mises en évidence dans les entretiens.
LAMOUILLE, Maud Titre de la thèse : Entretiens auprès de sujets âgés : parler de sa ou ses chute(s) à son médecin ou pas ? Etude qualitative par entretiens semi-directifs. 73 feuilles, 2 figures. 30 cm.- Thèse (Médecine) ; Rennes 1; 2015 ; N°
Entretiens auprès de sujets âgés : parler de sa ou ses chute(s) à son médecin ou pas ? Etude qualitative par entretiens semi-directifs. 73 feuilles, 2 figures.