28 Juillet 2011
Le P4P à l’anglaise, inspirateur de la nouvelle convention
lequotidiendumedecin.fr 28/07/2011
"Les auteurs de la nouvelle convention médicale ne s’en cachent pas : le « pay for performance » en vigueur en Grande-Bretagne, communément appelé « P4P », les a largement inspirés.
C’est en 2004 que le « National Health Service » (NHS) introduit le paiement à la performance pour ses médecins.
L’idée, portée par le gouvernement de Tony Blair, vise à doper la qualité des soins.
Le concept est simple : les « GPs » (les médecins généralistes) doivent respecter un certain nombre de « guidelines » (des recommandations).
Chacun est évalué sur la prise en charge des maladies chroniques ainsi que sur l’organisation des soins, par exemple la tenue du dossier patient.
Ceux qui atteignent les « targets » (les objectifs cibles) reçoivent en échange une carotte, une prime annuelle, pouvant représenter le quart de leurs revenus – déjà largement plus confortables qu’en France.
L’exemple anglais, avec ses sept années d’ancienneté, a-t-il fait ses preuves ?
Le constat est nuancé.
Si le « P4P » a permis d’impliquer davantage le corps médical, d’aucuns soulignent les limites du système :
les « GPs », focalisés sur les cibles à atteindre, négligent parfois certains gestes, certains actes qui n’entrent pas dans le calcul de la prime.
Le « BMJ » du 24 avril 2010 livre une analyse approfondie de la question.
Les auteurs de l’article constatent que certains indicateurs de bonne qualité deviennent obsolètes avec le temps.
Pour une raison simple : le dispositif (« Quality and Outcomes Framework ») évalue les actes réalisés, et non le résultat de ces actes (l’impact sur la qualité des soins).
Attirés par la carotte, les GPs ont rapidement adapté leur pratique pour remplir les objectifs, réduisant, jusqu’à les annuler parfois, les marges de progression.
Il a donc fallu toiletter le « P4P ».
En 2010, les « GPs » utilisaient 134 indicateurs rapportant un total de 1 000 points.
Huit indicateurs cliniques ont été retirés de la liste au printemps 2011 (par exemple, la mesure de la pression sanguine pour les patients atteints de pathologie coronarienne, ou la mesure du cholestérol chez les diabétiques) car près de 100 % des « GPs » atteignaient l’objectif cible.
L’article du « BMJ » prend pour exemple l’indicateur portant sur la proportion de diabétiques ayant bénéficié d’un suivi de leur pression artérielle au cours des 15 derniers mois.
Plus de 99 % des médecins ont décroché le maximum de points pour cet indicateur.
Les auteurs de l’article suggèrent d’analyser le coût-bénéfice de chaque indicateur pour décider s’il faut maintenir ou abandonner les indicateurs de qualité.
Ils ajoutent que les innovations médicales peuvent rendre certains indicateurs non pertinents.
Autant de conseils dont la France s’inspirera sans doute pour mener à bien sa propre rémunération à la performance de ses médecins libéraux."
› DELPHINE CHARDON
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_801543/references?portal=c_63456
http://chronisante.inist.fr/spip.php?article390