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La vaccination antigrippale peut-elle provoquer un syndrome de Guillain Barré ?

Lettre d’information du réseau GROG Diffusion à l’usage du corps médical le 17 nov 2009 par l’intermédiaire du Conseil national de la formation continue

La vaccination antigrippale peut-elle provoquer un syndrome de Guillain Barré ?

        Le Syndrome de Guillain-Barré (SGB) provoque une atteinte transitoire des nerfs entraînant des manifestations douloureuses et des paralysies partielles. Il s’agit d’une maladie sévère pouvant nécessiter une hospitalisation pendant plusieurs mois avec, dans certains cas, un séjour prolongé en réanimation.
        Bien traitée, cette maladie guérit presque toujours mais, même avec une évolution favorable, elle constitue une dure épreuve pour les malades et pour leurs proches. Les causes de cette maladie sont mal connues mais il semble qu’elle soit souvent précédée d’une infection (campylobacter, mycoplasme, grippe, etc.).
       Malgré une vaccino-vigilance intensive et des enquêtes approfondies, on n’a jamais démontré que les vaccinations utilisant des virus tués (donc incapables de provoquer une infection virale) puissent provoquer cette maladie.


        La question a été posée avec acuité aux Etats-Unis, en décembre 1976. En effet, à la suite de l’infection de soldats basés à Fort-Dix (New Jersey) par des virus grippaux porcins, une campagne nationale exceptionnelle de vaccination a été organisée, aboutissant à l’immunisation de plus de 48 millions d’américains à partir du 1er octobre 1976. Pendant cette campagne, dans un souci d’honnêteté et de rigueur scientifique, un système exceptionnel de vaccino-vigilance intensive a été mis en place, poussant les soignants et la population à signaler tous les effets néfastes possibles de cette vaccination. La campagne a été brutalement interrompue le 16 décembre 1976, en raison d’une augmentation suspecte du nombre de déclarations de SGB.
L’analyse minutieuse de ces déclarations a montré que cette augmentation était liée à un raccourcissement des délais de déclaration. Il est apparu peu après que le nombre des cas de SGB chez les vaccinés (517) correspondait à ce qui était attendu (513) compte tenu de l’incidence habituelle des SGB. De plus, toutes les analyses et ré-analyses ultérieures ont confirmé que la fréquence des SGB était identique chez les vaccinés et les non-vaccinés. Une seule de ces vérifications, menée dans les hôpitaux du Michigan et du Minnesota, a trouvé une différence. Depuis ce qu’on a appelé « l’affaire de la grippe du porc », plusieurs études ont été menées dans différents pays à l’occasion de campagnes de vaccination anti-grippale. Elles n’ont pas trouvé de liens statistiques entre vaccination et SGB.


        Il faut rappeler qu’en France, 1.500 personnes environ sont touchées chaque année par la maladie de Guillain-Barré, soit 4 par jour. Il n’est donc pas étonnant que, parmi les malades, quelques uns aient été récemment vaccinés.

Autrement dit, si les media traitaient de la même façon tous les cas de SGB, ils annonceraient 4 fois par jour un nouveau cas de SGB chez une personne non vaccinée contre la grippe pandémique.

Notre perception du vaccin antigrippal en serait probablement profondément modifiée. Des épidémiologistes nord- américains viennent d’ailleurs de publier dans le Lancet une estimation très documentée : si, un jour donné, on administrait un placebo à 10 millions de personnes, au moins 21 cas de SGB seraient observés dans les 6 semaines suivant cette administration.
A noter : comme pour toute intervention médicale, il faut rester vigilant, ce qui justifie la mise en place d’un dispositif de vaccinovigilance adapté au contexte pandémique.

Source : revue de la littérature effectuée les 13 et 14 novembre 2009 sur PubMed (mots clés : Guillain-Barre + influenza, sans limitation). Le dossier bibliographique (liste des références) est accessible sur le site du Réseau des GROG (http://www.grog.org) et sur la plateforme http://pegasus.openrome.org (accès libre, anonyme et gratuit).

Réponse rédigée le 14 novembre 2009 par le Dr Jean Marie Cohen (réseau des GROG) avec l’aide des Drs Odile Launay (CHU Necker, Paris) et Anne Mosnier (Réseau des GROG)
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