12 Août 2012
Pour renflouer les caisses de ses établissements, l'AP-HP veut créer une filière VIP pour les riches patients étrangers
09/08/12 -
C'est une petite révolution à but lucratif. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a signé un accord avec une société active au Moyen-Orient, Globemed, pour se lancer dans le "tourisme médical", révèle Le Journal du dimanche.
Globemed, filiale d'Axa basée au Liban, servira d'intermédiaire entre les patients de la région et les hôpitaux parisiens pour développer les "voyages pour traitement" en direction de la capitale française. "Le projet a longtemps dormi dans les tiroirs du navire amiral des CHU français. Aquilino Morelle, aujourd'hui conseiller politique de François Hollande, y avait même consacré un rapport secret, vite enterré", rapporte le JDD. Des décrets doivent encore être publiés pour que l'accord entre en vigueur.
L'AP-HP aimerait à terme que 1% de ses patients vienne de Russie, de Chine ou du Golfe, grâce à ce type d'accord. Jusqu'à présent, ces derniers profitaient des mêmes tarifs que les Français, alors même qu'ils étaient prêts à payer plus. "Il est anormal que la Sécurité sociale sponsorise les soins de gens aisés issus de pays qui n'ont pas de problèmes financiers", argumente Stéphane Fériaut, directeur du développement de l'AP-HP, cité par le JDD.
Autre marché lucratif visé par l'AP-HP, celui de la vente de conseil médical et de conseil en organisation des soins. Un contrat vient d'être signé avec la municipalité de Pékin.
Si la proportion de patients étrangers soignés à Paris ne dépassera pas 1 % du total des malades, selon la direction de l'AP-HP, le syndicat CGT Santé craint de voir les patients français lésés et demande l'annulation de cet accord. "Il est clair qu'on se donne toutes les possibilités d'actions contre cette mesure y compris judiciaires", a déclaré à l'AFP Christian Prudhomme de l'union syndicale CGT de l'AP-HP. "Si on nous refuse une place pour un patient français aux urgences alors qu'il y a des lits réservés pour les VIP, on portera plainte et on aura quelques arguments", a-t-il ajouté, en faisant référence à la jurisprudence en la matière. "On ne fera pas des urgences avec les patients étrangers mais seulement des interventions ou des soins programmés à l'avance", tempère Zohra Bensalem-Djenadi, la coordinatrice du projet à l'AP-HP.
L'AP-HM, qui veut devenir "le CHU de la Méditerranée", et les hôpitaux de Lyon ont également des projets en ce sens.
> La France, futur hôpital du monde
- Journal du dimanche 5 août 2012