L'initiative d'un toubib de Prades
Un médecin catalan à vélo pour en finir avec les tabous
Jean-Marc Majeau, 46 ans, gastro-entérologue à Prades, dans les Pyrénées-Orientales, va entreprendre à partir du 25 août un tour de France en vélo et en solitaire pour sensibiliser les Français aux risques du cancer du colon et à la nécessité d'un dépistage systématique.
Le médecin, opéré il y a huit mois de l'affection qu'il redoute chez ses malades, est depuis très longtemps impliqué dans le dépistage généralisé du cancer colorectal qu'il a contribué à développer dans le département.
Ancien rugbyman, ce colosse athlétique d'1,90 m, venu au cyclisme pour se « remettre en forme après l'opération », suit un entraînement intensif sur vélo de route ou VTT, dans les Pyrénées-Orientales, au pied du Canigou.
Avec ce tour de France de 3 000 km, en forme de colon et baptisé « Cyclo-galloscopie », il veut expliquer qu'une grande partie des 20 000 décès annuels (sur 40 000 cas) dûs au cancer du colon pourraient être évités.
En 21 étapes de 150 km, au départ de Prades et en passant par Montpellier, Châlon-sur-Saône, Mulhouse, Strasbourg, Paris, Le-Mont-Saint-Michel, La Rochelle, Biscarosse, Agen, Toulouse et retour à Prades, il compte faire part de son expérience de médecin et malade, aux médecins, aux patients, à leurs familles, aux décideurs et à la presse locale. « Les Français ont encore le refus d'une maladie qui implique des parties intimes du corps, comme l'anus, tabou comme tout ce qui concerne les matières fécales », explique le Dr Majeau.
« Dans l'inconscient collectif, la pathologie est associée à la mise en place d'un anus artificiel, source de souffrances sociales, physiques et psychologiques. Du coup, on préfère ignorer le risque », souligne-t-il.
Le spécialiste affirme qu'actuellement « l'anus artificiel est de moins en moins nécessaire, et d'autant moins que le diagnostic est précoce. »
Et d'ajouter : « La médecine a réussià motiver les femmes pour se prêter à la prévention du cancer du sein lorsque le risque d'amputation mammaire a été diminué. De la même manière, pour le colon, il faut dédramatiser le dépistage, les examens et les conséquences éventuelles de cette pathologie. » Chaque ville étape fournira l'occasion de rencontres organisées ou improvisées. A Paris, le 4 septembre, rendez-vous a été pris avec un conseiller du ministre de la Santé Xavier Bertrand pour évoquer l'avenir du plan cancer lancé par le président de la République.
« Je suis en vie, en forme, une preuve que faire face à la maladie le plus tôt possible est un des gages de guérison. Il faut perdre la peur du diagnostic pour s'assurer les meilleures chances de succès thérapeutique », dit-il.