Paru dans l'édition du lundi 24 juillet 2006
Les blocs opératoires du privé menacés de grève
Anesthésistes, chirurgiens et obstétriciens des cliniques privées sont appelés à faire grève dès aujourd'hui. En cause, la hausse des primes d'assurance.
Trois syndicats de médecins libéraux ont promis, à partir d'aujourd'hui, « une France sans bloc opératoire » dans les cliniques privées.
Quelle sera l'ampleur d'un mouvement guère populaire en pleine canicule ? Difficile à prévoir. Le ministère de la Santé estime que 71 cliniques sur 603 sont touchées. Alors que pour les trois syndicats concernés - UDCF pour les chirurgiens, AAL pour les anesthésistes et Syngof pour les gynécologues obstétriciens -, « 680 blocs opératoires (soit plus des deux tiers) seront fermés pour une durée illimitée ».
L'augmentation continue de leurs primes d'assurance professionnelle explique ce nouvel accès de colère. Les tarifs varient selon les spécialités.
De l'ordre de 7 000 € par an pour un anesthésiste, jusqu'à 30 000 € pour un obstétricien.
La moyenne se situe aux environs de 15 000 €. Une charge qui représente l'équivalent d'un à trois mois d'activité, selon les cas.
La pression accrue des assureurs tient à la judiciarisation des professions de santé.
Autre sujet de colère des médecins libéraux : les accords signés avec l'assurance maladie et l'État, en 2004, prévoyant une majoration de leurs honoraires, qui ne seraient toujours pas appliqués selon eux.
Tout en rappelant les mesures déjà prises, le gouvernement reconnaît la persistance des problèmes. Vendredi, le ministre de la Santé, a promis une aide pouvant aller jusqu'à 7 000 € aux gynécologues s'engageant à de bonnes pratiques. Mais Xavier Bertrand a également appelé les chirurgiens « à assurer la continuité et la sécurité des soins, compte tenu des conditions climatiques ».
De son côté, la direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins a annoncé que les préfets pourraient réquisitionner les médecins libéraux grévistes. Ce que le préfet du Finistère a fait, dès vendredi, avec huit anesthésistes de la clinique de Keraudren, à Brest. « Il nous paraîtrait responsable que les représentants syndicaux de ces professionnels de santé prennent la mesure de la situation sanitaire du pays et suspendent leur mouvement », a estimé le Conseil national de la chirurgie. Les syndicats CGT et Sud Santé ont dénoncé ce mouvement. « Ces praticiens actionnaires masqueraient-ils leur départ en congés par une utilisation abusive du droit de grève ? », a interrogé le premier.
Quant aux patients des cliniques, ceux qui auraient des complications seront pris en charge, assure l'AAL (anesthésistes). Les autres seront dirigés vers l'hôpital. Notamment depuis que les tribunaux ont augmenté les indemnisations dans les cas de nouveau-nés handicapés. À tel point qu'une Mutuelle, Le Sou médical (groupe MACSF), menace de ne plus assurer les obstétriciens dès 2007. Le Syngof réclame « une garantie écrite des assureurs de diminuer les primes de 20 % dès 2007 ».