FMC DINAN

Association de Formation Médicale Continue - Formation et Informations Médicales - ---------au service des professionnels de santé et de la santé ------------ depuis 1974

Jeudi 29 MAI :Symposium :Chocolat & Santé



Téléchargez les
résumes des conférences :12 pages PDF

 EFFETS PRÉVENTIFS DES POLYPHÉNOLS DU CACAO
 M. Mathieu SILBERBERG
Ingénieur de Recherche INRA, Clermont-Ferrand


 LE BEURRE DE CACAO: QUELS BIENFAITS SUR LA SANTÉ?
Dr Jean-Marie BOURRE
Membre de l'Académie de Médecine, directeur de recherche INSERM, Paris.


 CHOCOLAT ET GESTION DE L'ÉQUILIBRE PONDERAL CHEZ L'ENFANT
Dr Monique RENAUD
Pédopsychiatre, CHR Guillaume Régnier, Rennes

 CHOCOLAT:AU-DELA DU PLAISIR, UN ANTI-STRESS ?
Dr Hervé ROBERT Médecin nutritionniste, Paris





I
dées reçues :Le Docteur Didier Chapelot, Médecin et Chercheur au Laboratoire de Neurobiologie de la Nutrition, Faculté X. Bichat, Paris, répond ici à quelques clichés qui ont la vie dure

http://www.chocolats.org/

> Chocolat et migraine


À ce jour, rien ne permet de dire que le chocolat provoque des migraines. Rappelons à ce propos que la migraine n'est pas un banal mal de tête, mais qu'elle possède une définition clinique précise qui concerne 10 % de la population. Elle a pour origine une perturbation de la commande neurologique qui se manifeste par une variation du calibre des vaisseaux du cerveau (la vasoactivité).

Dans le chocolat, le principal agent biochimique qui a été suspecté de provoquer la migraine est une amine biogène : la phényléthylamine (PEA). Cet effet promigraineux surviendrait chez les individus présentant une déficience partielle en monoamine oxydase (MAO), principale enzyme qui détruit la PEA.

Cependant, certaines objections peuvent être avancées. Tout d'abord, la dose : sachant que 100 g de chocolat contiennent moins de 0,7 mg de PEA, une consommation habituelle (disons 30 g) ramène cette quantité à moins de 0,2 mg. Ceci est insuffisant pour déclencher une migraine, d'autant que la PEA est rapidement détruite dans notre tube digestif avant même qu'elle ne pénètre dans la circulation sanguine. Mais d'autres éléments sont également à prendre en considération comme les certitudes individuelles des sujets testés, qui peuvent produire de puissants effets d'autosuggestion. Jusqu'à présent, au sein des quelques travaux où les auteurs concluaient à l'effet promigraineux du chocolat, la subjectivité du sujet n'était pas prise en compte...

Heureusement ce biais a été très récemment contrôlé. Des chercheurs firent consommer à 63 femmes souffrant de maux de tête chroniques, une fois du chocolat, une autre fois un "placebo" (caroube). Les épisodes douloureux furent équivalents avec le chocolat et avec le placebo (1). Jusqu'à preuve du contraire, voilà qui innocente une fois de plus le chocolat...


> Chocolat et acné


En effet, si l’on procède à une recherche exhaustive des publications scientifiques concernant l’éventuel effet néfaste du chocolat sur l’acné, on s’aperçoit qu’elles cessent en...1969 ! Par une réfutation catégorique de cette accusation d’ailleurs. En effet, l’équipe de Kligman (2) fit consommer quotidiennement, durant un mois, une barre chocolatée (soit 50 g de chocolat) ou non, à 65 patients atteints d’acné. L’état de leur acné était évalué à la fin de chacune des périodes de
consommation. Si le chocolat n’exerça le plus souvent aucune amélioration sur l’acné, il ne pouvait pas non plus être accusé du moindre effet aggravant.

L’idée initiale incriminant le chocolat était que la rétention de sébum dans les glandes sébacées (cause mécanique de l’acné) provenait de son épaississement excessif, ce qui empêchait son évacuation. Cet épaississement était dû, d’après cette théorie, à sa composition en lipides. Plus il était riche en acides gras saturés, plus le sébum était épais. Le chocolat contenant pour 2/3 d’acides gras saturés, il était logique d’en déduire qu’il était à l’origine d’un épaississement du sébum. Mais deux erreurs rendent effectivement cette théorie irrecevable. La première, c’est que l’acide gras saturé du chocolat est avant tout l’acide stéarique, qui se désature rapidement dans l’organisme et devient du coup un acide gras insaturé (celui de l’huile d’olive). La seconde était de faire de la glande sébacée un lieu de transit du gras consommé, qui excrèterait un sébum dont la composition en lipides reflèterait celle de l’alimentation. En fait, contrairement à nos cellules du tissu adipeux, les glandes sébacées produisent un sébum dont la composition en lipides est relativement constante, quelle que soit notre alimentation !

Il faut être pragmatique. Une absence de preuve n’est pas une absence de réalité. Cependant, il est assez injuste que la moindre évocation de l’effet néfaste supposé d’un aliment, fondé sur je ne sais quelle impression, puisse être à l’origine de l’exclusion de cet aliment. L’acné obère déjà suffisamment la qualité de vie des adolescents pour ne pas en rajouter.


1. Marcus D.A. et am. A double-blind provocative study of chocolate as a trigger of headache. Cephalalgia, décembre 1997, 17 (8). 855-862.
2. Fulton JE, Plewig G, Kligman AM - Effect of chocolate on acne vulgaris, 1969, JAMA 210;11: 2071-2074.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :