1 Janvier 1977
Guy Scharf, pionnier de la FMC française, la définissait comme un « droit du malade », expression qu'il empruntait àun groupe italien développant les mêmes ambitions, pas très loin de l'expression plus récente de démocratie sanitaire [10]. Il proposait comme alternative àun enseignement post-universitaire « trop éloigné des médecins, extrasystolique et bradycardique, et limité au seul savoir » une formation « décentralisée, véritablement continue et personnalisée ». Avec le recul du temps, on peut ajouter : adossée aux pratiques réelles, ce qui était alors implicite, puisqu'il parlait de formation de professionnels en exercice, d'« andragogie ». Le cadre local, l'interaction entre praticiens de voisinage, la validation des circuits de soins dans ce lieu de vie, l'ouverture progressive des dossiers des uns aux regards des autres, préfiguraient intelligemment et simplement les besoins du système. Ils devraient en rester la base essentielle, parce que l'exercice médical ne peut se réduire àl'individu isolé, mais nécessite plus que jamais des pratiques collaboratives. Mais Scharf parlait d'éthique, nous en sommes au juridique. Puisqu'il s'agit de loi, il s'y associe des exigences formelles (pouvez-vous prouver que ?) donc professionnelles (qui fait quoi et comment ?) et institutionnelles (qui garantit que ?). Nous avons probablement construit les fondations de cette « médecine moderne où le progrès fait rage »... Des objectifs de formation continue développés dans les années 80 àceux de l'évaluation médicale de l'ANDEM des années 90, il y a continuité indiscutable. Est-ce encore le cas ?
L'idée d'une formation-évaluation permanente envisagée comme la perspective d'un développement professionnel continu est logique, et d'ailleurs développée un peu partout dans le monde. Pourquoi alors cette impression désagréable de maldonne française ? Il y a menace de rejet... Des professionnels d'abord : ils ne devraient pas supporter très longtemps ce surcroît paperassier, à moins qu'ils ne le tolèrent par défaut, ce qui est probablement pire, comme l'une de ces obligations formelles qui leur sont imposées, sans modifier vraiment leurs pratiques. Des patients ensuite, tôt ou tard : ils s'apercevront que ce qui leur est peut-être d'abord apparu comme répondant àleur souhait, une garantie du professionnalisme de leurs médecins, n'est en fait qu'une construction artificielle sans rapport avec l'objectif visé. Prenons garde àce que ne soit pas jeté le bébé, l'interaction forte et nécessaire entre formation et pratiques, avec l'eau de son bain, le formalisme imposé.