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Syndrome pieds-mains-bouche

http://naitreetgrandir.com/fr/mauxenfants/indexmaladiesa_z/index.aspx?lettre=0-z

http://naitreetgrandir.com/fr/mauxenfants/indexmaladiesa_z/index.aspx?lettre=0-z

Le syndrome pieds-mains-bouche (SPMB)

Il s’agit d’une maladie infectieuse fréquente touchant essentiellement les jeunes enfants.

Le saviez-vous ? 
Ce syndrome a été décrit pour la première fois en Nouvelle-Zélande en 1957 [1].

Epidémiologie et transmission :

Les coxsackie virus (A6, A10 et A16) et l’entérovirus 71 (EV-A71) sont essentiellement responsables de ce syndrome [2-6]. Ils appartiennent aux entérovirus. En France, le coxsackie virus A6 est le plus impliqué [7, 8].

Le SPMB sévit sous forme épidémique, avec des foyers estivaux et automnaux [7].

La transmission a lieu via les sécrétions de patients infectés (salive, urine, selles) qui constituent de véritables réservoirs viraux.

A propos des entérovirus : 
Les entérovirus pathogènes pour l’Homme font partie de la famille des Picornaviridae et sont divisés en 5 espèces : 
-  le poliovirus (responsable de la poliomyélite) ; 
-  les entérovirus humains A à D.
Les coxsackie virus sont des entérovirus des groupes A, B ou C.

 

Devant quelles manifestations cliniques évoquer le diagnostic ?

          Le SPMB touche plus fréquemment les jeunes enfants (plus de 80 % des cas survenant avant l’âge de 6 ans [9], et notamment les enfants âgés de 1 à 2 ans), mais ce syndrome peut aussi être retrouvé (beaucoup plus rarement) chez l’adulte

 

          Le nom de ce syndrome parle de lui-même_!

Après une période d’incubation de 3 à 5 jours, le patient, dans l’entourage duquel des cas similaires auront pu être observés dans les jours et semaines antérieures, présente des manifestations cliniques parmi lesquelles :

- Atteinte buccale :

stomatite vésiculeuse, évoluant vers la formation d’ulcères pouvant provoquer une odynophagie jusqu’au refus d’alimentation

 

- Atteinte des extrémités (mains et pieds) :
lésions cutanées à type de macules, vésicules voire papules, non douloureuses, parfois avec une légère sensibilité ; ces lésions sont parfois retrouvées dans
d’autres régions comme les coudes ou sous 
les couches.

Les patients peuvent également présenter des adénopathies, voire des nausées/vomissements.
La fièvre est souvent présente sous forme
d’une fébricule, mais des pics à plus de 39°C peuvent être observés, en particulier lors des formes sévères ou compliquées [10, 11].

Il a été décrit des manifestations cliniques atypiques chez certains enfants atteints de SPMB provoqués par les coxsackie virus A6 et A10, telles que des lésions cutanées évocatrices de maladies bulleuses [12], ou encore une onychomadèse (chute spontanée des ongles secondaire à un arrêt transitoire de leur croissance [13]).

 
A savoir : 
La majorité des infections par les entérovirus sont asymptomatiques. A côté du SPMB, d’autres maladies peuvent résulter de ces infections : 
-  Herpangine ; 
-  Atteintes du système nerveux (méningite, encéphalite, paralysie flasque aiguë) ; 
-  Atteintes cardio-respiratoires (pneumonie, myocardite, péricardite, ...). 

Dans la majorité des cas, ces manifestations ne nécessitent qu’un traitement symptomatique et évoluent rapidement vers la guérison, sans laisser de séquelles. 

Peu d’études ont étudié la corrélation entre les souches virales impliquées et les manifestations cliniques. Parfois, aucune corrélation n’est retrouvée [14], alors que d’autres études mettent en avant une proportion plus importante d’entérovirus de type A dans le SPMB, et de type B dans l’herpangine [15]. Ainsi, chaque souche peut être responsable de chacun des symptômes.

 

Vigilance accrue autour des infections à Entérovirus 71 (EV-A71) : 
Comme tous les autres entérovirus, les infections à EV-A71 sont la plupart du temps asymptomatiques. 

Cependant, l’EV-A71 peut être également responsable de manifestations cliniques plus sévères, notamment neurologiques (encéphalites, lésions du tronc cérébral, paralysie flasque aiguë, atteinte des nerfs crâniens), compliquant ou non un SPMB (dû à ce même virus EV-A71) et survenant sous forme épidémique. Les cas les plus sévères sont ainsi retrouvés en Asie [16] : lors de la dernière épidémie en Chine en 2008 dans la province de Fuyang, plus de 6 000 cas de SPMB liés à l’EV-A71 ont été rapportés, ayant entraîné une hospitalisation dans 50 % des cas et le décès de 22 enfants [17]. 

En Europe, les épidémies de grande ampleur dues à l’EV-A71 sont rares (les publications font état de telles épidémies en Bulgarie et en Hongrie à la fin des années 1970). Cependant, un foyer épidémique d’infections graves majoritairement dues à l’EV-A71 a été signalé en début d’année en Catalogne par les autorités sanitaires espagnoles [18]. 

En France, il a été observé, depuis le début de cet été, une tendance à l’augmentation du nombre de méningites à entérovirus dans les services d’urgences (sans cependant d’augmentation notable du nombre d’infections neurologiques depuis le début de l’année), mais les données du Réseau de Surveillance des Entérovirus (RSE) n’ont pas montré de circulation accrue de l’EV-A71 [7]. 

Face à la possible importation du virus Catalan en France, Santé Publique France et le CNR rappellent que devant toute symptomatologie fébrile associée à une symptomatologie neurologique, une infection à entérovirus doit être évoquée [19] et recherchée à l’aide d’une PCR sur les prélèvements réalisés, qui doivent être à la fois centraux (Liquide Céphalo-Rachidien) et périphériques (selles, salive, prélèvement naso-pharyngé).

Par ailleurs, les cas sévères d’infections à entérovirus doivent désormais être signalés à Santé Publique France, via le formulaire dédié (sur le site du CNR des entérovirus, rubrique «_bulletins d’informations_») afin de détecter une éventuelle émergence de l’EV- A71. 

 

 

 

Comment poser le diagnostic ?

Le diagnostic du SPMB est clinique et ne nécessite aucun examen complémentaire !

Prise en charge :

          Elle se fait en ambulatoire, à domicile. Il n’y a pas de traitement curatif, mais seulement un traitement symptomatique de la douleur. Il faut penser à rassurer les parents et à leur donner des conseils, notamment sur l’alimentation de leur enfant (éviter les plats chauds en raison de la stomatite, ne pas négliger l’hydratation, ...).

          La surveillance repose essentiellement sur la surveillance de l’hydratation et des apports alimentaires de l’enfant.
          La symptomatologie est spontanément résolutive en une dizaine de jours.

L’éviction de la collectivité n’est pas nécessaire.

         Le SPMB n’est pas une maladie à déclaration obligatoire ni une maladie à prévention vaccinale en France. Il n’y a pas de vaccin disponible en Europe. Un vaccin contre l’EV-A71, développé en Chine, apparaît efficace dans la prévention du SPMB et de l’herpangine, ainsi que des formes sévères d’infections liées à ce virus [20-22]. Il ne protège cependant pas contre les autres entérovirus, d’où la réflexion sur le développement d’un vaccin multivalent [23].

 

 

 

Syndrome pieds-mains-bouche

Lettre d’information du réseau Sentinelles – septembre 2016

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