18 Décembre 2015
Épinglé par la Sécu, le médecin se met en arrêt
À Dol-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, le Dr Christian Gennet a fermé son cabinet médical pour protester contre la Sécurité sociale, qui l’a placé sous surveillance rapprochée. Il lui est reproché de délivrer trop d’arrêts de travail.
Un médecin en grève, c’est rare. Mais depuis lundi, à Dol-de-Bretagne, les patients du Dr Christian Gennet trouvent porte close. Sur une affichette, il explique sa décision. « Je suis accusé par la Sécurité sociale de prescrire trop d’arrêts de travail. »
Le désaccord a commencé en juin, lorsque l’Assurance maladie lui a indiqué une mise sous objectif (MSO), avec un quota d’arrêts de travail à respecter. Ce que le praticien a refusé. « Je suis victime d’une loi statistique. La Sécurité sociale a simplement trouvé que sur un temps donné, je prescrivais trop d’arrêts de travail. »
Une pétition lancée
« Depuis trente ans, je traite des gens en souffrance, explique le Dr Gennet, âgé de 59 ans, l’un des sept médecins de la commune. Mon métier n’est pas de comptabiliser les indemnités journalières des patients concernés. Nous sommes l’interface entre le patient et la Sécurité sociale, pas le fusible ».
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Le praticien est alors passé devant une commission des pénalités. Le verdict est tombé vendredi, par un recommandé. Il devra se soumettre à une Mise sous accord préalable (MSAP). À chaque fois donc qu’il délivrera un arrêt de travail, celui-ci devra être validé par la Sécurité sociale.
Outré et choqué, le Dr Gennet a fermé provisoirement son cabinet. Une situation qui ne plaît pas du tout à Denis Rapinel, le maire de Dol-de-Bretagne (5 400 habitants). « Tous connaissent le dévouement du Dr Gennet. Ce médecin des sapeurs pompiers est un homme intègre et honnête. Les communes ont déjà du mal à attirer des médecins, si en plus on leur met des bâtons dans les roues, poursuit l’élu de la commune. « Pour que cessent ces tracas administratifs », une pétition a été lancée à la mairie et au cabinet médical.
Une activité anormale
« Cette mesure est très rare », répond Odile Blanchard, directrice régionale du service médical, qui connaît bien le dossier. « En Bretagne, seuls trois médecins sont concernés par une Mise sous accord préalable. » Et en France, cette mesure nationale touche 1 % des praticiens.
En cause, un trop grand nombre d’arrêts de travail prescrits, en pourcentage des consultations. « Ces médecins ont une activité anormale. » Même en prenant en compte certains éléments, comme un nombre restreint de médecins sur une zone, une entreprise pourvoyeuse d’arrêts de travail…
« Des arrêts peuvent être justifiés au départ, mais renouvelés systématiquement face aux attentes des assurés. » C’est pourquoi ces médecins se retrouvent sous surveillance très rapprochée. Le Dr Gennet sera, lui, accompagné pendant quatre mois. « Si on veut que la Sécurité sociale perdure, il faut que chacun y participe. »
source : Edition du soir Ouest France - 17/12/2015
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